dimanche 29 janvier 2012

Parce qu'il le vaudou bien : D'Angelo (Re-Post)

A l'heure qu'il est D'Angelo est sur la scène du Zénith. Un tel come-back de l'enfant prodige méritait bien un petit hommage. Tout d'abord en re-postant un texte publié il y a deux ans et reprenant une chronique de Voodoo que j'avais écrite dix ans plus tôt ! Il se trouve que ce message est la page la plus lue de tout l'Elixir ! Notre number one absolu en terme de visites ! C'était le premier volet d'une série que j'inaugurais et destinée à présenter mes albums favoris de ce début de millénaire et Voodoo était sans discussion possible mon disque favori de cette nouvelle ère.

Parce qu'il le vaudou bien : Voodoo (Les 10 du Millénaire)

Avec quelque temps de retard, je réalisais que nous venions de clore la première décennie de ce siècle et donc du Millénaire. Le genre de date qui invite toujours à un premier bilan. Le déclic eut lieu il y a quelques jours, alors que je découvrais le nouvel album de Build An Ark. Je me faisais la réflexion que Dawn, leur précédente production, était assurément un des disques qui m'était le plus cher de ces dernières années. Du coup, je me demandais : tiens, à propos, c'est quoi mes disques préférés de ce début de 21ème siècle ? Ce en toute subjectivité, bien entendu.


L'occasion de jeter un regard dans le rétro et d'évoquer des coups de cœur inscrits dans la durée, des albums qui auront résisté à l'épreuve du temps. Mes incontournables perso... L'occasion de les évoquer ici sous une bannière grandiloquente : les 10 du Millénaire. Présenté comme ça, ça en jette. Je ne garantis pas que j'irai jusqu'à dix mais commençons...

Premier sur la liste, indétrônable : le Voodoo de D'Angelo, sorti en l'an 2000. Cette année-là, mon podium aurait été complété par le Tudo Azul de la Velha Guarda da Portela et par le Zumbi d'Andrea Marquee, deux disques brésiliens. Ce choix de Voodoo en number one du millénaire prend un tour particulier quand l'on sait que son auteur n'a toujours pas, depuis, sorti de nouvel album. Dix ans déjà ! Puisse 2010 être enfin l'année du retour fracassant de celui qui avait définitivement quelque chose à part, ou de plus, que ses collègues. Un égo ? Une mystique ?

Voilà ce que j'écrivais à l'époque de la sortie de Voodoo dans les colonnes de la revue Cultures en Mouvement...

Parce qu'il le vaudou bien...
Voodoo (EMI), album au titre pour le moins ambitieux, marque le retour de D’Angelo cinq ans après. Révélé par Brown Sugar en 1995, D’Angelo fut d’emblée bombardé tête de file de la « nouvelle » soul, au même titre que Me’shell Ndégeocello ou Erykah Badu, par exemple. Sévère avec ses pairs trop exclusivement dédiés au bizness, D’Angelo a préféré, à la fructification de son capital commercial, une voie qu’il décrit comme spirituelle. Nous n’attendions pas autre chose de celui que Libé a proclamé rien moins que le « Dalaï-Lama de la soul » (et qui ne l’empêche pas de vouloir absolument nous montrer ses abdos). Il n’y a pas dans la voie de D’Angelo le moindre renoncement au corps, au contraire sa musique évolue dans la plus sensuelle des moiteurs. Construite sur des tempos alanguis posés de la frappe sèche d’Amir ?uestlove, batteur de The Roots, accompagnée d’une guitare minimaliste ou de Roy Hargrove aux cuivres, les voix curieusement mises un poil en retrait, la soul de D’Angelo prend le temps d’enfoncer le clou du groove, s’immisce par la longueur des morceaux et reste brute sur cette colonne du beat qui doit autant au hip-hop qu’à cette analogie vaudou librement adaptée. Ce « vaudou » est aussi une référence au « voodoo child », Jimi Hendrix, dont l’esprit a inspiré l’album, d’ailleurs enregistré dans son Electric Lady Studio (mais on trouvera aussi l’influence de Prince sur certains morceaux). Un disque envoûtant, parce qu’il le vaudou bien.
(Olivier Cathus, Cultures en Mouvement n°27, mai 2000)

Dix ans ont passé. Que s'est-il passé, où a-t-il dérapé ? De cette génération, une autre figure emblématique a également explosé en vol à l'orée d'une carrière prometteuse, Lauryn Hill. Wyclef Jean, son partenaire des Fugees, aurait confié à la presse qu'elle serait bipolaire... Mais, dans le cas de Michael Archer, dit D'Angelo, quelle embryon d'explication peut-on évoquer ? Car l'exigence artistique ne suffit plus, dix ans après. Des rumeurs de nouvel album courent depuis plusieurs années sans que rien ne vienne. Un coup, c'est son ami ?uestolve qui dit qu'il s'est remis sérieusement au boulot, un autre coup, c'est D'Angelo lui-même qui annonce un projet dans l'esprit des premiers Funkadelic... Sans suite... A l'arrivée, seules deux chansons circulèrent : "Really Love", dont on dit que c'est ?uestlove lui-même qui serait responsable de sa "fuite" sur le net, et "I Found my smile again", dont le titre laissait espérer que son auteur aille mieux...

De quoi souffrirait-il, bon sang, celui qui faisait se pâmer les filles quand il s'exhibait torse poil, tout en pec' et tablettes de chocolat ? Quelques abus de toxiques, une fréquentation trop assidue des paradis artificiels, ? Bah, rien que de très banal, c'est le travers habituel d'un musicien en panne d'inspiration. Faudrait-il plutôt chercher du côté du narcissisme ? En effet, il est avéré que notre homme a beaucoup grossi. Je suis trop charitable pour vous montrer directement la photo mais certains commentaires l'apostrophaient du style, "eh mec, tu te laisses aller, tu ressembles plus à rien, on dirait le frère d'Ol' Dirty Bastard". Ayant ainsi perdu de sa superbe, lui est-il trop difficile de se montrer aujourd'hui ? Car, pour rester dans la métaphore, alors que Libé le comparait à l'époque au "Dalaï-Lama de la soul", disons qu'aujourd'hui D'Angelo en serait plutôt le Bouddha ventripotent. S'il a souvent comparé sa musique à une quête spirituelle, pareille métaphore devrait l'encourager sur ce long chemin...

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