vendredi 22 juillet 2011

Happy 70 George Clinton !


George Clinton fête aujourd'hui ses soixante-dix ans. Je faillis à ma tâche en ne proposant pas pour l'occasion un hommage plus fouillé. George Clinton est quand même le dernier tiers vaillant de la Sainte Trinité du Funk. James Brown faisant groover les cieux, Sly Stone n'étant visiblement plus que l'ombre de lui-même, heureusement que notre bonhomme entretient toujours la flamme sans faillir.
Puisque je n'ai pas eu le temps de célébrer dignement cet anniversaire, on rappellera simplement l'essentiel. Sans George Clinton, l'Elixir du Dr. Funkathus n'aurait peut-être jamais vu le jour. Ce blog s'est en effet placé sous ses auspices funk-a-logiques, comme vous pouvez le constater en haut à gauche de cette page. A ne pas confondre avec la funkologie, la funk-a-logie, c'est un peu comme la pataphysique. En plus pata encore.

On pouvait lire ici même, il y a quelques semaines : il "a une vision très profonde de la vie, à moitié cosmique, à moitié prophétique. Les gens pensent qu'il est fou mais il faudrait pourtant l'écouter parce qu'il a compris beaucoup de choses. Le problème, c'est que quand il parle sérieusement, les gens pensent qu'il plaisante". On croirait évidemment que c'est de George Clinton qu'il s'agit. Raté, c'était à propos de João Gilberto. Mais cela lui ressemble tellement que je n'hésite pas une seconde à lui appliquer cette description !

Car derrière ses airs de doux dingue, George Clinton est un vieux sage. Un acteur essentiel des musiques populaires de ces cinquante dernières années. Et pas simplement parce qu'il est l'inventeur du P-Funk. Aussi par sa manière de faire de la musique. On a bien vu qu'avec les mêmes ingrédients que James Brown, après qu'il eut récupérer les musiciens de celui-ci, c'est une toute autre recette qui mijotait dans sa marmite. A la poigne de fer, la discipline et l'ultra-dirigisme de James Brown, George Clinton a préféré lâcher la bride à ses musiciens et a su faire jaillir l'étincelle créative du plus joyeux des bordels. Clinton, c'est le type qui plutôt que de rester à la console pendant que les musiciens enregistrent, préfère traîner dans les salons du studio et revenir de temps en temps orienter le cours des choses. Le tout dans un état souvent très delic ! Savoir s'entourer et déléguer est un signe d'intelligence et celle de George Clinton est particulièrement vive.

Il est le gourou d'une famille très très étendue mais un gourou qui ne cherche jamais à voler la vedette à ses fidèles. A chaque fois que je l'ai vu sur scène, figure de patriarche débonnaire et bienveillante, j'étais frappé par cette décontraction toute familiale qui voyait les musiciens aller et sortir de scène, s'échanger les instruments, certes toujours guidés par le One, toujours à faire tourner le groove, mais le laissant parfois couler comme un petit ruisseau, puis gonfler en une crue irrésistible, soudain fleuve énorme pour lequel il n'existe aucun barrage possible.

Ses concerts durent des heures. Pendant des heures également, on pourrait l'écouter parler car il a toujours été un témoin attentif de la musique, loin d'être aussi perché qu'on le croit !

J'avais coché la date depuis des lustres sur l'agenda de l'Elixir et aurais souhaité pour cet anniversaire un hommage qui parodie les néologismes à rallonge qui constitue l'ordinaire des titres des albums clintoniens, des trucs du genre : "Promentalshitbackwashpsychosis Enema Squad (The Doo Doo Chasers)". Cela aurait demander un travail d'écriture dont je n'ai pas trouvé la disponibilité. Un jour, c'est promis.

Depuis plus de vingt ans que j'ai découvert sa musique, George Clinton est assurément une figure tutélaire. Certes sans avoir l'air d'y toucher, il est un de ces très rares artistes à imposer à travers leur œuvre, une Weltanschauung originale. Une vision du Monde qui possède sa propre cosmogonie, même si c'est pour déconner, pour délirer. Plutôt que de dénoncer l'injustice de la société américaine par la violence verbale, il préfère la subtilité de la métaphore. Et sur les pochettes de ses albums, que ce soit avec Parliament ou Funkadelic, on trouvait toujours des petites phrases dans les coins, des slogans cachés.

On se souvient de "Free your mind and your ass will follow". Titre d'un album de Funkadelic sorti en 1970 et où on avait la surprise de découvrir les fesses de la jeune femme quand on dépliait la pochette. Un slogan qui subvertissait allègrement le thème chrétien du salut.


Certains slogans clintoniens devraient être adoptés par le plus grand nombre, comme une mesure de salubrité publique, de protection sociale et de conscience politique. Approprions-nous par exemple celui-ci :

"Think ! It ain't illegal yet" !!!

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