samedi 25 septembre 2010

Paco de Lucia : un grand maître en concert

Hier soir, pour l'ouverture du festival Les Internationales de la Guitare, j'ai eu la chance d'assister au concert de Paco de Lucia. Un véritable récital. Cela faisait plusieurs années que je n'avais pas vu un musicien aussi virtuose de son instrument. La moindre note que joue Paco de Lucia sonne incroyablement. Très très impressionnant. 


Il était accompagné d'un percussionniste, celui-ci principalement au cajon, de deux chanteurs dont Duquende, d'un bassiste, d'un danseur et d'un harmoniciste. Mais, si tous ces musiciens étaient excellents, on aurait presque préféré qu'il soit en solo tant il plane haut au-dessus de tous. Peut-être... mais ce serait, de ma part, une incompréhension fondamentale de l'art de Paco de Lucia que de le réduire à sa virtuosité. Il est certes un maître parmi les maîtres et, pourtant, Paco de Lucia se met au service du collectif. Il est le meilleur accompagnateur qui puisse se rêver, toujours à mettre en valeur son groupe. D'ailleurs, avant de le découvrir sur scène, j'avoue que je ne connaissais jusqu'alors de sa discographie que les albums où il accompagne le génial et incendiaire Camaron.

A lire certaines critiques, pour ce qui était peut-être sa dernière tournée, Paco de Lucia a privilégié cette dimension moins cadrée pour laisser tourner la ronde du flamenco. Deux heures de concert qui n'ont semblé qu'un instant. Intense.

Il y avait de nombreux aficionados dans la salle, ponctuant chaque éclair de olés. A côté de nous,  encore mieux : un guitariste professionnel jouant tous les samedis aux Saintes-Marie-de-la-Mer. Un Gitan du quartier Candolle qui nous disait : "le flamenco n'a qu'un seul sens". Faut que ce soit chaud, que ça vienne de "" (le ventre)... Il apprenait la guitare à ses fils et les avait amenés au concert, comme en pèlerinage, voir Paco !


Bon, la première photo n'est pas de moi. Mais hier soir, il était habillé pareil. Et même les plantes vertes semblent faire partie de son décor de scène... En voyant celle-là, ci-dessus, que j'ai prise moi-même, vous comprendrez mieux pourquoi je suis allé chercher l'autre sur le net !

Coïncidence, le matin même, je lisais une interview de Titi Robin pour Mondomix où il citait Paco de Lucia, pour illustrer un propos plus général dénonçant les stigmatisations, le racisme d'Etat, et la façon de vouloir enfermer les gens dans leur groupe d'origine.

"Une des "fausses vérités" est de faire croire à une musique gitane pure: il y a des couples mixtes emblématiques: le Sinti Django Reinhardt et le Gadjo Stéphane Grapelli pour le swing manouche, le Kalo Camaron de la Isla et le Payo Paco de Lucia pour le flamenco, la Romani Esma Redzepova et le Gadjo Stevo Teodosievski pour la musique des Balkans, … Le "Tzigane" n'existe pas sans le Gadjo, et le monde des Gadje serait d'une pauvreté culturelle sans l'apport des "Tziganes". Un critique musical français a un jour, parlant d'un célèbre guitariste flamenco, écrit ces mots: "Paco de Lucia, bien que non Gitan, est un grand ….". En réalité, bien qu'anodin et sûrement involontaire, ce genre de propos est significatif d'une tendance sous-jacente à segmenter les groupes, jusque que dans les milieux où l'harmonie est la plus éclatante. Enlevez l'apport de la culture africaine à l'Amérique du Nord, par exemple!"

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