mardi 26 janvier 2010

Vampire Weekend, le détail intrigant

La sortie de Contra, le deuxième album de Vampire Weekend, est une actualité majeure de ce début d'année. Vous aurez probablement déjà lu une critique quelque part (sur le Village Voice ou Les Inrocks, par exemple), aussi ne prendrai-je pas la peine d'en rédiger une moi-même. Du changement dans la continuité ou ce que vous voulez. Un peu moins kwassa-kwassant peut-être. Quoique... Le "roulis charnel" des guitares à la mode congolaise est désormais bien assimilé et fondu dans la musique du groupe, et n'est plus le simple signe distinctif qui marquait l'originalité de leur son.

Mais toujours cette élégance qui les distingue. Toujours brillant et futé. Nos quatre jeunes garçons cultivent toujours le style Ivy League bon chic bon genre qui fit leur marque de fabrique. Même recherche dans les paroles, sans que cela semble trop forcé. Et quand bien même ça le serait, quel mal y a-t-il à vouloir enrichir le vocabulaire de la pop contemporaine. Probablement que donner comme titre "Horchata" à leur premier single découle de cette volonté.

"In December drinking horchata
I'd look psychotic in a balaclava
Winter's cold is too much to handle
Pincher crabs that pinch at your sandals".

Ezra Koenig continue d'être ce chanteur dandy qui incarne et porte l'effort collectif du groupe. Etc, etc... Le fameux écueil de la deuxième œuvre est ici passé haut la main. Je dois avant tout confesser que Vampire Weekend est le seul groupe pop-rock que j'ai écouté (c'est-à-dire plus d'une fois, après avoir passé le cap de la simple curiosité) depuis plusieurs années et ce nouvel album possède le même charme addictif. Même si celle-ci n'est pas toujours associée à la plus haute qualité, l'envie d'écouter puis de ré-écouter une musique pourrait être le plus beau compliment que l'on fasse à ses auteurs. Dont acte.

Mais ce qui m'a frappé en regardant la pochette, c'est un détail. Cette charmante jeune fille, probablement de bonne famille, avec son Polo, nous fixe d'une bien étrange manière. Pour cause : ses pupilles sont étonnamment dilatées.

Libre à nous d'en imaginer la raison. Mais cette raison devient forcément une faille dans le jeu lissé des apparences. Cette jeune fille bien sous tous rapports, jolie, certainement sportive, habillée unisexe, sans fioritures, ne peut dissimuler un trouble. Tous les codes sociaux sont maîtrisés mais, là, au cœur de l'œil, au milieu de cette fenêtre de l'âme, une pupille anormalement dilatée. Un trouble qui trouve sa source dans la chimie amoureuse ou psychotrope, peut-être ? Même si son trouble ne doit probablement rien à l'étymologie latine de fascinatio, son regard nous interroge, nous offre son mystère. Comme si Vampire Weekend, par la retenue et la suggestion, parvenait à en évoquer plus encore que les paroles recherchées qui le caractérise.

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