mardi 15 décembre 2009

Anthony Joseph & The Spasm Band au Jam

Un petite soirée de voodoo funk, n'est-ce pas le meilleur élixir pour réchauffer l'hiver brutalement survenu sous nos latitudes ? Le Docteur Funkathus opine du chef, voilà l'intermède-antidote idéal, à la fois brûlant et doux, comme le rhum arrangé combava siroté la veille.

Après l'annulation du Staff Benda Bilili, prévu au Rockstore une semaine plus tôt, c'est avec une réelle impatience que j'attendais le concert d'Anthony Joseph & The Spasm Band, le 12 décembre. Je suis en vrai manque de concert, après une belle série d'empêchements. Alors, cette une nouvelle Groove Session me sied optimum : le poète Anthony Joseph et son groupe The Spasm Band sont sur la scène du JAM. Nous annoncions le concert dans Goutte de Funk (malgré un problème d'émetteur que nous ne découvrions qu'a posteriori), nous y sommes...

L'attrait du public pour le groupe se lit par sa présence sur le terrain, dans ses tournées, ses programmations lors des festivals. Un succès qui se bâtit patiemment, par le bouche à oreille, en mouillant le maillot sur les planches. La personnalité forte de ce projet a beau être un authentique poète, le succès tient probablement à un évident penchant pour le groove. Il y a six musiciens sur scène dont la moitié sont percussionnistes. Et on balance dans une mixture qui aura des airs de funk caraïbe, avec parfois une touche de calypso ou d'afrobeat, de voodoo funk, comme le décrit lui-même le groupe sur son propre blog. Le tout servi généreusement par des musiciens dont la cohésion rend superflue la virtuosité.

Et il y a Anthony Joseph. L'homme de lettres sait faire le show, laisser libre cours à son énergie. Il est le premier danseur sur la musique du groupe. Arpente la scène, s'agite... Une présence. Une bonne allure : élégance du costume, lunettes noires, barbe et crâne luisant. On remarque aussi, à son entrée en scène, la bouteille de rhum Havana Club déjà au 2/3 vide, qu'il tient à la main. A-t-il partagé ce qui manque avec ses musiciens, l'a-t-il bu tout seul ? Le lendemain, j'aurai la confirmation de sa bonne descente par M. Cosmic Groove lui-même, l'organisateur des festivités, qui était impressionné par son aplomb. Car Monsieur Joseph avait déjà séché la même mixture la veille, alors qu'il partageait l'affiche avec Naomi Shelton & The Gospel Queens à la salle Victoire 2, ce qui ne l'empêchait pas d'être frais et se porter comme un charme au matin.

Une question que je me posais pendant le concert : est-il frustrant de se produire quand le public n'entrave pas un mot des textes, alors que ceux-ci sont la base sur laquelle se construisent les morceaux et leur donnent sens ? Anthony Joseph a-t-il l'impression d'un malentendu ? Est-ce une leçon d'humilité ? Je ne pense pas que la plupart des rappeurs US du mainstream se tracassent outre mesure de savoir que le public ignore de quoi ça cause, mais un auteur oui. J'avais été tellement enthousiaste lors de la sortie de Leggo de Lion, leur premier album, que j'avais lu son roman The African Origins of the UFOs. Le titre sonnait presque comme un manifeste et piquait ma curiosité. Notre poète originaire de Trinidad y brassait les formes et balançait vers la science-fiction. Le livre est, en effet, partagé en trois temporalités, passé, présent, futur, où ce dernier nous invite sur la planète Kunu Supia (à suivre dans la mise en ligne prochaine de la dernière Goutte de Funk de l'année)... La photo ci-contre a été prise avec mon modeste portable w595s, modeste mais doté d'une application secrète et mystique, bien entendu introuvable dans le commerce, qui permet de saisir les manifestations des esprits, le flou thermique de leur aura... Ici, cette application secrète nous révèle justement celle d'un Papa Legba/Exu, l'intermédiaire, le go-between, en ces trois temporalités du roman... Certes, deux de ses temporalités sont bien cachés derrière l'intensité de l'instant, ce kairos du groove partagé.

Hormis des bribes, dont celles sur Vero "la diablesse", qui "she gonna look real beautiful, but when you look she got one cow foot and one real human foot", je n'ai encore guère pris connaissance des textes du deuxième album, Bird Head Son, sorti début 2009. Mais, là encore, ils sont extraits du nouveau recueil de poèmes d'Anthony Joseph, l'éponyme Bird Head Son, paru à peu près en même temps que l'album avec le Spasm Band. Pendant le concert, Anthony Joseph nous explique que le titre "Robberman", un de mes préférés, a été écrit après que plusieurs agressions à l'arme blanche aient déchiré la jeunesse britannique. Son seul message à leur adresse est donc : "essayez de vous souvenir de la première fois où vous avez été amoureux, let's love".

Plus le temps passe, plus il se dépense, plus il prend le temps de glisser quelques mots, de tomber les lunettes et d'afficher un visage souriant, funky fresh. Son costume ? Bah, c'est pour cultiver ses airs d'urban intellectual, dit-il en blaguant, c'est le seul qu'il possède et il a déjà dix ans. Pour l'anecdote, il finira le concert en jeans/t-shirt.

Au bout du deuxième ou troisième rappel, alors que l'on approche des 2 heures trente de concert, il invite le public à venir danser sur scène... Au premier rang pendant tout le spectacle, il aurait été malpoli de ma part de ne pas accepter l'invitation de sa main tendue pour l'y rejoindre accompagné d'une foule ravie.

2 commentaires:

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