mercredi 29 juillet 2009

A Trois Degrés de séparation de Michael Jackson

On connaît le principe des 6 Degrés de séparation : par le biais de relations individuelles, toute personne sur Terre est reliée à n'importe quelle autre par un maximum de cinq autres personnes. J'ai donc calculé mon degré de séparation avec Michael Jackson. Il était la plus intouchable et mystérieuse des stars mondiales, vivant comme coupé du reste des mortels. Malgré cette réclusion, je n'étais éloigné de lui que de trois degrés de séparation. Je me suis dit : bon score !
(Calculez-le le vôtre et laissez un commentaire si vous faîtes mieux.)

Seulement, ce beau score dissimule en fait un sacré bide...

La chaîne se présente comme suit :
Moi-même, aka Dr. Funkathus -> Till Mahou -> La Toya Jackson -> Michael

Hier, je profitais d'une visite à mon ami Till, pour lui demander quels souvenirs il gardait de La Toya. Je me rappelais qu'au début des années 90, il avait travaillé au Moulin Rouge, pour la mise en place des décors entre les numéros. Genre machiniste ou un truc dans le genre. A cette période, en 1992 pour être précis, La Toya Jackson venait de signer un contrat pour se produire un an sur la scène parisienne favorite des touristes de province, à l'occasion de la revue du centenaire de l'établissement. On peut considérer qu'elle était tombée bien bas pour être réduite à ce genre de tour de chant. A l'inverse, le Moulin Rouge, lui, devait avoir l'impression d'avoir frappé un grand coup pour le mercato de son centenaire : la sœur de Michael ! Et mon pote Till était bel et bien en contact direct avec une partie de cette légende familiale.

J'attendais donc quelques anecdotes qui incarneraient ce 2ème degré de séparation, voire quelques révélations sur les liens fraternels du premier degré qu'elle aurait pu lui confier, entre deux numéros, comme si la supposée promiscuité des lieux pouvait entraîner ce type de confidences. Las, patatras, Till n'en a plus le moindre souvenir.

Certes, La Toya n'a pas honoré la totalité de son contrat, abandonnant au bout de 4 mois, sur les 12 pour lesquels elle s'était engagée, ce qui lui valut d'être poursuivie par le Moulin Rouge. Ses fans du site The Universal Love of La Toya (de vrais fans donc) jugent cependant que 4 mois, c'est déjà énorme, pensez : elle chantait 5 jours par semaine, en français qui plus est, ce qui l'a proprement lessivé. Manqua-t-elle de sérieux ? Cela serait tout de même étonnant venant d'un membre de cette famille si professionnelle. Tout le contraire de sa sœur Janet, en somme : André Manoukian, qui lui servit de répétiteur pour enregistrer la version française de son titre "Again", témoigne, dans son livre La Mécanique des Fluides, du perfectionnisme de Janet à chanter phonétiquement juste la moindre parole du morceau.

La Toya, elle, n'a laissé aucune trace dans la mémoire de mon pote. Aussi sûrement que la mer efface sur le sable nos pas nonchalants, le temps a gommé son empreinte. Pourtant, moi, je me souviens bien qu'à l'époque, Till et un autre ami qui travaillait avec lui au Moulin Rouge, me parlaient de La Toya. Non qu'ils eussent grand chose à en dire, des banalités du genre : elle est gentille, discrète, mignonne. L'autre ami lui donnait même la main pour l'aider à monter sur scène, mais lui, je l'ai complètement perdu de vue. Et Till n'a aucun souvenir de Miss Jackson, ce qui, en creux, en dit probablement beaucoup sur la carrière de celle qui interprétait alors chaque soir, "A Paris, les Femmes ressemblent à des fleurs" (paroles de Pierre Porte sur une musique originale de Roland Léonar).

Ce qui m'étonne, c'est qu'au-delà de ses talents d'artiste, la croiser dans les coulisses du Moulin Rouge devait forcément faire penser à son frère (et donc laisser une marque indélébile). Car la ressemblance avec Michael est frappante. Ou plus exactement, la ressemblance est frappante en version post-chirurgicale. Comme en témoigne la photo ci-contre, before, il fallait chercher avec attention, scruter patiemment les visages pour trouver un air de famille. Ce qui nous permet de mesurer l'ampleur des chantiers entrepris par les scalpels et autres bistouris. Ce qui ajoute aussi un élément qui rend encore plus complexe l'étude de la psyché jacksonienne : un frère et une sœur qui ne se ressemblent guère, mais cherchent à s'éloigner des traits familiaux, en viennent à se ressembler artificiellement comme frère et sœur. On dit d'ailleurs à ce sujet que c'est justement La Toya, son aînée de deux ans, qui inspira à Michael ses premières interventions plastiques. Donc, non seulement ils ont les mêmes parents mais, à les voir, on dirait bien qu'ils ont eu le même chirurgien.

Jeter un œil à la carrière de La Toya a au moins ce mérite : nous rappeler combien la famille Jackson a su cultiver le mauvais goût et les kitscheries. Jermaine avait pourtant mis la barre assez haut grâce à son duo avec Pia Zadora mais La Toya enfonce haut la main toute la fratrie. Au point que ses fréquentes séances photos pour Playboy semblent presque de "bon ton" en comparaison d'autres épisodes :
- Une chanson anti-drogue, "Just Say No", composée pour la campagne de Ronald Reagan ;
- Une carrière de diva euro-dance ne connaissant de micro-succès qu'aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, ou à la télé slovène ;
- Un album (Stop In The Name of Love) de reprises de la Motown enregistré en 2 heures à peine ! (2 heures !!!)

A quel rang classer le Moulin Rouge dans cette accumulation foireuse de plans Série B ? Le hasard a voulu que j'écrive ces lignes le jour où La Toya sort Home, son nouvel album. Je viens de m'en rendre compte en portant une rectification au texte et me réjouis qu'il prenne du même coup une actualité si brûlante.

Quant à Till, je lui fis quelques relances. Il fit donc quelque effort pour sortir des plis de sa mémoire le fait que, oui, au Moulin Rouge, à cette époque-là, il y avait une belle Noire, fine... Et grande... Vérification faite, La Toya plafonne à 1,55m. Encore raté.

Doit-on pour autant en conclure que la théorie des 6 degrés de séparation n'est bonne qu'à distraire de l'ennui les longues soirées d'hiver ? Avant d'écrire ce billet, je croyais que ce principe, qui préfigurait notre société contemporaine organisée autour de ses réseaux, avait été développé de façon très sérieuse par Stanley Milgram (oui, celui qui est célèbre pour ses expériences sur la soumission à l'autorité) sous le nom de Small World, avec moult expériences pour l'étayer. En fait, il ne fit que reprendre une idée développée en 1929 par l'écrivain satirique hongrois Frigyes Karinthy (à qui l'on doit aussi l'aphorisme "en humour, je ne plaisante jamais")...

PS : Pour information, Till Mahou est danseur. Il se produira la semaine prochaine à Tharaux (Gard) dans L'Empereur Chinois et le Rossignol, à l'occasion du VIe Festival Arts & Musique (3-7 août 2009).
Réservation : 04 66 60 26 48 / Renseignements : TharauxAM@yahoo.fr

4 août - 21 h. Concert avec duos et trios de Kodály, Prokofiev, Haydn, Janácek, Dvorák
6 août - 20 h. Improvisation de danse et de musique
3-7 août - 10 à 12 h. - Atelier des enfants
7 août - 19 h. spectacle de terrasses en terrasses

Précision sur le programme : 'Le Rossignol et l'Empereur Chinois', ce conte d'Andersen guidera les différentes activités : Chant en français, patois, allemand, espagnol et néerlandais - L'objectif de cette année est d'aller à la recherche de sons orientaux. Spectacle d'ombre chinoise (Didier Doulson), danse du dragon et jeu de cloches et d'échos.
Les artistes : Bettina K. - arts plastiques, Till Mahou - danse et Marja Bon - musique.

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